Collectif d’acteurs


Librement inspiré du roman de

PIER PAOLO PASOLINI

THÉORÈME
traduit par José GUIDI
© Editions Gallimard

et du texte QUI JE SUIS
traduit par
Jean-Pierre MILLELI
© Editions Arléas

Adaptation et Mise en scène

PIERRE MAILLET

***

Distribution
L’ange
Benjamin Kahn
Paul - le père,
Rachid Zanouda
Lucie - la mère,
Frédérique Loliée
Pierre - le fils,
Arthur Amard
Odette - la fille,
Alicia Devidal
Emilie - la bonne,
Marilu Marini et Elsa Verdon
L’angelot -
Luca Fiorello
Les ragazzi -
Valentin Clerc
et Simon Terrenoire
L’auteur -
Pierre Maillet
et
Thomas Nicolle

***

Collaboration artistique Charles Bosson
et Luca Fiorello
Assistant à la mise en scène Thomas Jubert

Lumières Bruno Marsol
Régie lumière Olivier Allemagne
Son Guillaume Bosson
Scénographie Nicolas Marie
Régie générale
Thomas Nicolle
Régie plateau
David Marain
Costumes Ouria Dahmani-Khouhli
Habillage Judith Scotto
Perruques et maquillages Cécile Kretschmar

***
Production déléguée
Les Lucioles - Rennes

Co-production
Comédie de Saint-Etienne
Centre Dramatique National
Comédie de Colmar CDN Grand Est Alsace
Comédie de Caen
CDN de Normandie
Théâtre + Cinéma
Scène nationale de Narbonne
Théâtre National de Bretagne
Centre Dramatique de Rennes
Théâtre Sorano
Toulouse

***

Construction du décor
Atelier de La Comédie de Saint-Étienne

Spectacle répété et créé à La Comédie de Saint-Etienne

Autres accueils en résidence
Comédie de Colmar
Théâtre + Cinéma - SN de Narbonne

***
Avec l’aide du Ministère de la Culture et de la Communication (dispositif compagnonnage)

Théorème(s)

CRÉATION OCTOBRE 2021

Refaire « Théorème » aujourd’hui.

Partir de ce roman - informe comme le définit Pasolini, en tout cas inclassable - écrit en parallèle au tournage du classique cinématographique que l’on connait. Avec pour boucler la boucle : le projet d’une pièce de théâtre en vers qui ne verra finalement pas le jour…

Pourquoi refaire « Théorème » aujourd’hui ?
Justement parce que c’est un classique qui a certes profondément marqué son temps en 1968, mais dont les thématiques et les aboutissements connus (film et roman) ne rendent que plus excitante l’idée originelle avortée (le théâtre).

Parce que c’est une oeuvre qui comme tous les grands textes traite de la condition humaine et de ce qui la constitue : le désir, la foi, la liberté.
Parce que cinquante ans plus tard, alors que les sirènes du nationalisme et des extrêmismes de tous bords se font réentendre, le « conte philosophico-érotique » de Pasolini me semble toujours aussi pertinent, voire peut-être plus.

Parce que comme Fassbinder avec l’Allemagne des années 70, Pasolini parlait de l’Italie des années 60 mais qu’un grand artiste n’est jamais aussi universel et indémodable que lorsqu’il parle de sa réalité personnelle, intrinsèquement liée à celle qui l’entoure. Pour moi le véritable point de départ de cette création.

Pasolini, l’homme.

Avec sa douceur, sa sensibilité, son intelligence, sa poésie. Sa tristesse aussi, pudique. Il suffit de l’entendre et/ou de le voir parler des films, de la vie, de l’engagement dans beaucoup de reportages français où il tenait à s’exprimer dans la langue de son interlocuteur avec ce sourire et cette politesse récurrente en demandant systématiquement « C’est comme ça qu’on dit ? ».

Il suffit surtout de se plonger dans « Qui je suis » qui sera le prologue et le fil rouge du spectacle. Un texte inachevé bouleversant dans lequel, lassé par les différentes attaques et procès dont il fait les frais en Italie, il part à New York et décide de faire un autoportrait-bilan de là où il en est. De ce qu’il a vécu. Et de ce qu’il veut faire…

Notamment "Théorème" qui sera donc son film à venir. La description toute simple qu’il fait du film, du rêve qu’il fait du film, narré comme un conte, sera le glissement pour nous vers la mise en jeu de "Théorème", le roman devenu film qui deviendra théâtre sous nos yeux et comme le rêve d’une pièce où tous les personnages seront des échos à l’entourage de Pasolini : son frère mort au combat, l’adoration pour sa mère, l’amour pour Ninetto Davoli, sa détestation pour la petite bourgeoisie mesquine dont il se fait injustement le représentant, et sa vision de la foi religieuse qui pour lui passe par le sexe, le corps et l’amour absolu…

Dans "Théorème" excepté l’ange (Christ des temps modernes qui libérera par le corps chacun des membres de la famille), la bonne (qui pourrait être sa mère) et l’angelot (Ninetto, son amant), Pasolini est dans chacun des membres de la famille : dans la dépression du père, dans la frénésie sexuelle désespérée de la mère, dans la maladie de la fille et surtout dans l’artiste en herbe qu’est le jeune fils et qui ne s’appelle certainement pas Pier par hasard, tout comme le père qui s’appelle Paolo.

A la fois autoportrait véritable, et portrait fictionnel éclaté où l’auteur ne demande rien d’autre que de « se jeter à corps perdu dans la lutte », ce spectacle sera à la fois une ré-aproppriation fidèle et intemporelle (donc actuelle) de l’écriture de Pasolini, et un hommage sensible à l’un des plus grands artistes du siècle dernier.

Pierre Maillet


L’HUMANITÉ / Lundi 25 octobre 2021
par MARINA DA SILVA

(…)
Interrogations politiques et existentielles
Librement inspiré du roman et de "Qui je suis", un texte inédit et inachevé découvert après la mort de Pasolini par son biographe, Enzo Siciliano, Pierre Maillet adapte et met en scène avec le collectif Les Lucioles une pétulante version de "Théorème", qu’il met au pluriel : "Théorème(s)". Dans ce pluriel, il y a des éléments biographiques et artistiques qui donnent la mesure de la puissance de création de Pasolini – poète, romancier, essayiste et cinéaste – et du niveau d’interpellation de sa société conservatrice qui sort à peine de son épopée fasciste.
Le spectacle est d’abord introduit par des extraits de films cultes ou moins connus : outre "Théorème", "les Ragazzi", "Uccellacci e uccellini", "l’Évangile selon saint Matthieu", "Enquête sur la sexualité", etc. Puis, c’est Pierre Maillet qui prend lui-même en charge les interrogations politiques et existentielles de Pasolini exprimées dans "Qui je suis", qu’il commence à écrire en 1966 lors de son premier séjour à New York, épuisé par les différentes attaques et procès dont il est l’objet en Italie.

La nudité comme un élément esthétique
Saluons la scénographie de Nicolas Marie et sa création d’une boîte-miroir qui s’efface pour laisser la place au jeu des acteurs à l’avant-scène, ou s’ouvre sur l’écrin des pièces de la maison qui serviront également d’écrin à la découverte de l’amour des uns et des autres. Et surtout, le jeu chorégraphié et distancié de cette formidable bande d’acteurs – Arthur Amard, Alicia Devidal, Luca Fiorello, Benjamin Kahn, Frédérique Loliée, Marilu Marini, Thomas Nicolle, Valentin Clerc, Simon Terrenoire, Elsa Verdon, Rachid Zanouda –, tous aussi épatants les uns que les autres.
Ils font s’emboîter avec brio et humour la trame maîtresse que constitue Théorème(s) avec d’autres scènes et apparitions de personnages – Ninetto, les Ragazzi, etc. – pasoliniens . Cela donne des scènes décalées, savoureuses et drôles, où la nudité est explorée comme un élément esthétique. On aime aussi la construction musicale  : les Marionettes, de Christophe, Scuola di ballo al Sole, d’Ennio Morricone, Sarà Perché Ti Amo, de Ricchi e Poveri, Glass Spider (2018 Remaster), de David Bowie, ou l’Adagio, de Johann Sebastian Bach…

« Le désir, la foi, la liberté »
Refaire Théorème aujourd’hui, c’est pour Pierre Maillet montrer « une œuvre qui, comme tous les grands textes, traite de la condition humaine et de ce qui la constitue : le désir, la foi, la liberté ». Et « alors que les sirènes du nationalisme et des extrémismes de tous bords se font réentendre », montrer que « le conte philosophico-érotique de Pasolini reste toujours aussi pertinent ».
En assumant une mise en scène en décalage, même si le parti pris de la comédie évacue un peu la brûlure politique pasolinienne, il parvient à restituer la puissance et la beauté, et surtout la totale liberté de l’œuvre.


photos > @ Jean-Louis Fernandez

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Production / diffusion

Emmanuelle Ossena
EPOC productions
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e.ossena epoc-productions.net

Odile Massart
Les Lucioles
+ 33 (0)2 23 42 30 77
theatredeslucioles wanadoo.fr

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