Le Manuscrit des chiens III est un conte pour enfant. Ecrit en 1997, ce texte, se situe le long des côtes norvégiennes et investit les pensées d’Haktor, chien de bateau depuis de très longues années sur le caboteur "Le fou de Bassan".
Les journées d’Haktor sont rythmées par des promenades sur le pont, du lard frit et de longues siestes. Mais un jour, le capitaine Phosphore se met en tête d’arrêter le cabotage pour se lancer dans l’élevage de chiots !
L’arrivée de la jeune chienne Loliletta va bouleverser le quotidien d’Haktor et le faire sombrer dans une profonde mélancolie…
Dans ce texte, l’auteur adopte la vision et le point de vue du chien Haktor. On découvre les pensées très concrètes et parfois saugrenues de cet animal casanier dont la vie bien tranquille devient bientôt un enfer. Grâce à une langue simple et concrète, Jon Fosse nous emmène dans un monde profondément humain situé entre le quotidien et la poésie. Il décrit la relation d’un chien et de son maître avec infiniment de tendresse et livre un récit sobre qui fourmille d’idées, prône des valeurs, promulgue éthique et intégrité au rang de principes « Raconter une histoire, comme on ouvre une porte sur un jardin, je l’ai intimement vécu lors d’un séjour à Trousseau, hôpital des enfants, où je me suis retrouvée à lire pour ma fille et, devant leur désir très explicite, pour tous les petits malades présents.
L’envie de prendre l’enfant en considération artistiquement pour ne pas le perdre dans le monde du divertissement, de parler aux enfants comme à des personnes et non dans un langage dit « enfantin ». Le Manuscrit des Chiens III, je l’ai cherché sans le connaître et la joie a été grande de le trouver chez ce poète qui, une fois encore, nourrit mon travail. Il m’intéresse de mettre en exergue la notion de liberté et de libre arbitre pour mieux entendre et reconnaître qu’aucune personne, aussi aimante soit-elle, ne peut imposer des lignes de vie ou de pensée à l’être aimé si elles ne correspondent pas à ses désirs propres. Entrer, grâce à une langue simple et concrète, dans un monde profondément humain situé entre le quotidien et la poésie. Mon désir est de souligner la résonance possible entre l’innocence animale et l’innocence de l’enfance, tout en gardant la distance et l’assurance qu’il ne s’agit que de bêtes domestiquées. Les acteurs créent, dans cette confusion des sentiments, de la distanciation par l’humour et par la répétition quotidienne des gestes canins. Mettre en évidence cette problématique cruelle de nos sociétés modernes qui remplacent et évacuent les « gens prenant de l’âge » en propulsant et plaçant la jeunesse dans des lieux et des situations inconfortables. Un monde dangereux d’exclusion et de ségrégation où l’expérience de la vie, simplement, est niée. Offrir un regard, celui de mon enfance, sur un artisanat rude et simple, celui de la pêche côtière qui petit à petit tend à disparaître. Je distingue les personnages et leurs fonctions sociales représentatives mais n’en fais aucunement des « types » : il n’y a pas des méchants et des gentils. Mon travail est de toucher au plus près la poétique de Jon Fosse qui ne juge pas les êtres. J’insiste sur la singularité de chaque personnage qui révèle, ou pas, son humanité selon les circonstances. Pour éviter aux enfants la simplicité d’une pensée binaire et les amener à être simplement dans la perception et l’émotion des sentiments contradictoires. » Nathalie Pivain