Eva Peron, la pièce
C’est un cauchemar.
Dès le début, Eva lutte avec la mort.
Les personnages qui l’entourent, sa mère, le général Peron et Ibiza la traitent comme si elle etait déja morte. D’ailleurs personne ne s’ecoute vraiment.
Ce sont des gens mauvais. Ils ne jouent pas des personnages. Ils jouent tout le temps. Ils font semblant.
Capables de tuer pour un peu plus d’argent sur leur compte en banque.
De temps à autre l’infirmière va et vient avec des seringues et du linge sale. Elle tue le temps.
Ibiza ne cesse de s’exprimer avec des grandes gestes, les mêmes qu’on voit dans les affiches pour les prochaines élections.
Derrière eux, des militaires vont et viennent, ils montent la garde et les empêchent de sortir.
C’est un monde irréel, ponctué de visions d’horreur, de phantasmes érotiques, de soumission et de pouvoir. Le monde militaire se déploie devant nos yeux comme tel. Les différents plans se superposent, les panneaux glissent doucement, les néons montent et descendent. Jusqu’au vertige.
Eva Peron à Santiago du Chili
Copi a evolué dans les années 70 à Paris, fuyant une des atroces dictatures comme celles qui se sont installées avec plus au moins de régularité dans presque tous les pays d’Amerique du sud. Cet exil lui donne une grande force et il dessine cette Eva Peron, monstrueuse, brutale, sauvagement lucide. Un grand hommage en somme. Un texte tellement fort et réel que les frontières du théâtre commencent peu à peu à s’effondrer.
Voilà c’est ce qui s’est passé au Chili.
Les frontières avec la réalité sont confuses. Le projet arrive à un moment de la vie politique chilienne ou il est drôle d’imaginer que l’on puisse parler d’Eva Peron de cette façon. L’affaire Menem Bolocco donne une force suplementaire a l’histoire. Drôle de hasard. On arrive alors jusqu’à croire que le texte de Copi, écrit il y a trente ans, est une réponse inmediate à la réalité.
Le travail avec Alfredo, Francisco, Mario, Pablo et Rodrigo reste pour moi une experience inoubliable et une importante réflexion de ce qu’est le théâtre.
Les grands acteurs sont indéfinisables, c’est peut-être pour çà qu’ils sont grands.
Marcial Di Fonzo Bo
EXTRAIT
Evita, sa mère. Evita cherche une robe à l’intérieur d’une malle.
EVITA
Merde. Où est ma robe de présidente ?
MERE
Laquelle de robe de présidente, chérie ? Toutes tes robes sont des robes de présidente. (…)