Premier travesti superstar de l’histoire avec Jackie Curtis et Candy Darling (disparues assez vite) grâce à Andy Warhol, Holly Woodlawn a un parcours absolument remarquable tant comme personnalité transgenre que comme artiste.
Disparue il y a tout juste un an à l’âge de 69 ans, elle était la dernière vaillante survivante des marginaux superstars de la Factory. A la fois actrice, chanteuse, mannequin, showgirl et performeuse, son histoire racontée dans son autobiographie inédite en France est passionnante par bien des aspects…
Une vie simple sur de hauts talons est évidemment tout sauf simple, mais la personnalité volubile, généreuse et par dessus tout le ton, l’humour et la nonchalance dont elle fait preuve en racontant ses « histoires » (qui ne sont peut-être après tout que des histoires) font de ce témoignage une ode vivante et vivifiante à la différence, et à une vie qui vaut le coup d’être vécue, quoiqu’il en coûte.
J’ai imaginé ce spectacle performance comme un hommage aux cabarets transformistes dont Holly a été l’une des plus brillantes représentantes. Ces cabarets à la fois surannés et avant-gardistes, à mi-chemin entre le stand-up à la Lenny Bruce et le pur music-hall, un endroit d’expression ludique mais où l’affirmation de soi se fait sans filet.
Une façon d’être politique par le simple fait d’exister. Un spectacle libre, qui peut aussi bien se jouer dans des théâtres que dans des boîtes de nuit, des bars, des halls, des lieux alternatifs, des musées pourquoi pas…
Et en guise de conclusion ouverte, quelques mots de Holly Woodlawn en personne répondant à un journaliste en 2003 sur ce qu’elle allait faire dans son nouveau spectacle :
Je vais totalement me ridiculiser. Je vais faire des putains de chansons que personne n’a jamais entendu dans sa vie. Comme "Princess Poopooly Has Plenty Papayas." Oui, je vais vous faire faire le tour du monde. Ce sera Marlene, Barbra, Bette, Beulah, Mona, Lola et Falana ! Et Holly. Toutes les filles quoi…
Pierre Maillet
S’inspirant du livre autobiographique de Holly Woodlawn, A low life in high heels, Pierre Maillet, y mêlant quelques moments de vie le concernant, retrace l’histoire de ce jeune homme portoricain tourmenté par ses orientations sexuelles, fuyant Miami et sa famille à l’âge de quinze ans. Dormir dans les parcs de Manhattan, se réfugier chez des prostituées, s’essayer aux passes, se faire les meilleures amies du monde, rencontrer l’amour, tenter de se faire opérer et puis non, préférer faire du shopping… Les trépidantes aventures "Hollyépiques" chargées des effluves de l’underground américain des années 1960 et 1970 sont arrachées à l’oubli contemporain par un Pierre Maillet plus exceptionnel que jamais dans cette transsubstantiation travestie de haute volée.
les inrockuptibles.fr - 14 novembre 2018 - par Hervé Pons -
Sur scène, Pierre Maillet enchaîne les perruques et les robes à paillettes dans un incroyable show où tout est permis. Il chante, il danse, il rit, fait des apartés, se lance dans des mauvaises blagues et nous parle d’Holly Woodlawn comme d’une vieille amie à lui. C’est terriblement drôle, joué avec beaucoup d’énergie et un côté fait-maison assez irrésistible. On aime sa proximité (il s’adresse directement au public) et son attention portée à ce destin hors norme.
les5pieces.com - mai 2018 – par Josiane Asmane
Teaser
One night with Holly Woodlawn > teaser from LES LUCIOLES on Vimeo.